Élisée Reclus ° 4

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di Élisée Reclus

Les avalanches d’hiver connues sous le nom d’areins ou d’avalanches poudreuses sont les plus redoutées des habitants des Alpes, non seulement à cause de leurs ravages directs, mais aussi à cause des trombes qui parfois les accompagnent. Lorsque des couches nouvelles de flocons n’adhèrent point encore aux neiges anciennes qu’elles recouvrent, ou lorsque la masse, trop considérable, manque de point d’appui, les vents d’orage qui passent sur les hauts vallons peuvent tout d’un coup précipiter la masse entière ; il suffirait parfois du passage d’un chamois, de la chute d’une branche ou même d’un simple écho, pour rompre l’équilibre instable de la nappe supérieure. Elle s’ébranle lentement en glissant sur les masses durcies ; puis, là où la pente du sol favorise sa marche, elle se précipite d’un mouvement de plus en plus rapide. Incessamment grossie par les autres couches de neiges et par les débris, les pierres, les broussailles qu’elle entraine, elle passe au-dessus des corniches et des couloirs, brise les arbres, rase les chalets qui se trouvent en travers de son cours, et, semblable à un pan de montagne qui s’écroule, plonge dans la vallée pour remonter sur le versant opposée. Autour de l’avalanche, la neige poudreuse s’élève en larges tourbillons, l’air comprimé latéralement par la masse qui s’affaisse, mugit à droite et à gauche en véritables trombes qui secouent les rochers et déracinent les arbres, les emportant même pour les lancer sur les versants opposés.

Les Alpes, 1869

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Voce: Elodie Petit

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Immagine: Andrea Inglese