Jean-Henri Fabre ° 7

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di Jean-Henri Fabre

C’est la farouche Scarite [géant – Scarites gigas], l’audacieux éventreur, que nous interrogerons le premier sur la mort simulée. Provoquer son état d’inertie est affaire des plus simples : je le manie un instant, je le roule entre les doigts ; mieux encore, je le laisse tomber sur la table, à deux ou trois reprises, d’une faible élévation. La commotion du choc reçue et renouvelée s’il y a lieu, je mets l’insecte sur le dos. Cela suffit : le gisant plus ne remue, comme trépassé. (…) La pose inerte est très variable de persistance dans la même journée, les mêmes conditions atmosphériques et avec le même sujet, sans que je puisse démêler la cause qui l’abrègent ou la prolongent. Sonder les influences extérieures, si nombreuses et parfois si faibles, intervenant ici ; scruter surtout les intimes impressions de la bête, ce sont là secrets impénétrables. Bornons nous à l’enregistrement des résultats. L’immobilité se maintient assez souvent une cinquantaine de minutes ; dans certains cas même, elle dépasse une heure. Si rien ne trouble l’insecte, si je le couvre d’une cloche de verre, à l’abri des mouches, importunes visiteuses dans la chaude saison où j’opère, l’inertie est parfaite : nul frémissement ni des tarses, ni de palpes, ni des antennes. C’est bien, dans toute son inertie, le simulacre de la mort. Enfin l’apparent trépassé ressuscite. Les tarses tremblotent, ceux d’avant les premiers ; les palpes et les antennes lentement oscillent, c’est le prélude du réveil. Les pattes maintenant gesticulent. L’animal se coude un peu sur sa ceinture étranglée ; il s’arc-boute sur la tête et le dos, il se retourne. Le voilà qui trottine et décampe, prêt à redevenir mort apparent si je renouvelle ma tactique de choc.

Souvenirs entomologiques, 1900

Voce: Marie de Quatrebarbes

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Immagine: Andrea Inglese